La bibliothèque, la nuit

L’exposition La bibliothèque, la nuit s’est déroulée au Lieu Unique à Nantes du 19 septembre 2017 au 7 janvier 2018 sous l’initiative de la Bibliothèque Nationale de France. On a pu assister à une expérience unique alliant l’attractivité des nouvelles technologies et la force du savoir et des lieux extraordinaires.

L’exposition a été réalisée par Alberto Manguel, voyageur du monde qui accorde au livre une place primordiale dans la société actuelle et dans les représentations de chacun. L’auteur s’est associé à Robert Lepage pour que l’exposition aille au-delà de la simple présentation. En effet, l’artiste multidisciplinaire a réalisé plusieurs projets technologiques ayant pour but de bouleverser les pré-requis et les nombreux standards. La technologie va ainsi permettre de pousser les frontières de l’art pour aller voir au-delà, pour comprendre les origines des oeuvres et voyager à travers leurs histoires.

L’expérience est simple dans son explication et époustouflante dans sa réalisation. Les utilisateurs vont pouvoir découvrir dix bibliothèques réelles, imaginaires ou disparues. Un parcours unique et inspirant qui nous replonge dans l’histoire, dans notre histoire. Il est désormais difficile de s’imaginer l’histoire et de pouvoir se l’approprier. Nous n’avons plus de référentiel auquel nous rattacher à part des écrits numérisés. De par l’exposition et son accessibilité, l’histoire n’est plus réservée au milieu des chercheurs et chacun peut découvrir les richesses du passé et des lieux mythiques aujourd’hui disparus.

Réalité augmentée

On peut alors se demander l’attrait qu’a su apporter la réalité virtuelle. Tout comme la réalité augmentée, c’est une technologie qui reste assez récente pour un public parfois perdu face à l’appréhension et l’usage qu’il doit en avoir. C’est par son aspect immersif et sa notion d’extraordinaire que les artistes se sont naturellement tournés vers la réalité virtuelle. D’un point de vue technique, l’expérience se déroule simplement, par le biais d’un Occulus Rift facilement réglable par les utilisateurs. La fluidité de l’expérience est accentuée par le travail important réalisé pour que la voix off d’Alberto Manguel et l’ambiance sonore soit en adéquation avec ce que va ressentir l’utilisateur. La réalisation de l’environnement réel souligne aussi cette fluidité en installant par exemple des sièges facilitant le mouvement lors de l’expérience.

“Comme la mémoire, une bibliothèque fonctionne différemment la nuit. Le jour, vous avez le sentiment que chaque titre s’offre à vous avec équité, démocratiquement […]. Mais la nuit, certains volumes disparaissent tandis que d’autres s’affirment dans le halo de notre lumière” Alberto Manguel

L’exposition n’a pas pour but de nous plonger dans un sentiment de mélancolie où on se remémore les événements du passé. Au contraire, chaque visiteur va pouvoir créer, inventer ses propres souvenirs grâce à l’expérience qu’il va vivre. Chacun va se faire sa propre expérience en la rendant unique, singulière puisqu’on est le seul à bord, nous sommes le seul à appréhender ce que l’on voit. Cela peut avoir un revers négatif puisque l’expérience ne peut être partagée avec une autre personne. On s’isole quelques instants, quelques minutes de la réalité et du monde réel pour naviguer dans le virtuel. Certaines personnes ne sont pas encore prêtes à s’immiscer totalement dans un espace virtuel sans pouvoir communiquer avec le réel.

La réalité virtuelle va ainsi permettre de créer cet espace de voyage, d’imaginaire. S’évader est désormais possible pour chacun d’entre nous grâce à l’espace de liberté que nous offrent ces technologies. Elles permettent de construire un lien fort avec ce que l’on considère comme disparu, le réel ou le virtuel. Elles permettent de mettre en relation deux entités qui ne se seraient peut être jamais rencontrées.
Préparez-vous à embarquer pour un voyage unique construit par vos sens et par l’expérience que vous allez créer : Bande-annonce.

A quand cette expérience en réalité augmentée ?

La réalité augmentée se diffuse de plus en plus dans les expositions et dans la culture pour donner à voir aux visiteurs un patrimoine disparu. Le Grand Palais avait décidé pour son exposition “Sites éternels” d’utiliser la réalité augmentée pour reconstituer le patrimoine du Proche-Orient détruit ces dernières années. Le visiteur pouvait, grâce à des reconstructions en 3D, découvrir les monuments tels qu’ils pouvaient l’être auparavant. Le voyage s’étend de la Syrie à l’Irak balayant l’ancienne capitale du roi Sargon à Khorsabab en Irak, le Krak des chevaliers, la Grande Mosquée des Omeyyades à Damas et la cité antique de Palmyre en Syrie. La réalité augmentée est ainsi perçue comme un moyen de préserver le patrimoine universel des destructions possibles. Les visiteurs peuvent découvrir ou redécouvrir ces monuments fascinants et spectaculaires malgré qu’ils n’existent plus aujourd’hui. Palmyre, une expérience en réalité augmentée

Les nouvelles technologies vont au-delà du simple divertissement en devenant ainsi un lieu de mémoire permettant à n’importe quel individu de découvrir le passé et d’aller au-delà des frontières géographiques. Des progrès restent encore à réaliser pour que l’immersion soit plus représentative du réel mais l’expérience est déjà au rendez-vous.